Êtres d’Halloween pour faire frissonner dans l’Oise

Nous arrivons au plus fort de la saison sombre, à la période où la nuit dure de plus en plus longtemps et où cela perturbe notre rythme de vie et notre envie d’aller au dehors. C’est le moment où le Monde des Morts se rapproche le plus de celui des Vivants et où les esprits et revenants viennent à notre rencontre. Halloween (la veillée, l’attente des Saints, ou pour certains, en celtique: Hallo-ween le soleil ou la lumière pleure), Toussaint (le Samain celtique), Fête des Morts les 31 octobre, 1^er novembre, 2 novembre en sont les points d’orgue. Non seulement des esprits redoutables, mais aussi des êtres bien concrets sont connus pour s’être promenés dans la campagne isarienne.

La Guivre de la forêt de Compiègne. Longeant les cours d’eau de la forêt, elle s’en prenait aux imprudents qui passaient à portée. Cette grande serpente à courtes pattes fit fuir une bonne partie des paysans. La forêt se dépeuplant, le roi dut faire intervenir le Chevalier aux Armes Vermeilles, qui le vainquit en combat singulier. Le carrefour du Dragon en garde le souvenir. Sa grande carcasse fit longtemps partie du cortège des Fêtes Jeanne d’Arc à Compiègne. Depuis que le rituel du portage de la peau de la serpente est abandonné, certains craignent de nouveau de rencontrer son fantôme.

La Dame Blanche de la Forêt de Chantilly. Aux étangs de Commelle, quand le Château de la Reine Blanche, édifié en souvenir de Blanche de Castille, mère de saint Louis, fut abandonné, on commença à voir une dame blanche hanter les étangs les nuits de pleine lune. Les lambeaux de son vêtement forment la brume au-dessus des eaux. Il ne faut pas lui adresser la parole sous peine d’être entraîné dans son monde.

Le baudelot blanc de la rivière Automne. Une bête au long dos ressemblant à un baudet hante les hauteurs dominant le haut cours de l’Automne, de Fresnoy-la-Rivière à Largny-sur-Automne. Les habitants fuient ses cris étranges. Mais les non avertis peuvent se laisser convaincre de monter sur son dos. Son échine s’allonge et il prend de nouveaux passagers tant qu’il y a de la place. Puis qui va les noyer dans la rivière.

La diablerie d’Ansacq. La nuit, dans la proche campagne et jusque dans le village, une violente et composite manifestation sonore effrayait les villageois. L’incompréhension  de l’origine du phénomène les troublait encore plus. Le curé soumit l’analyse des affolantes cacophonies à des personnes éclairées. Des voix articulées, des cris lugubres, des lamentations affligées, des rires éclatants, des dissonances sonores. On pensa au retour de morts en peine, à la Chasse Sauvage ou Mesnie Hellequin, à un désordre cosmique. Un phénomène acousmatique fut détecté, le vallon profond et étroit canalisant les bruits environnants, puis les restituant de façon désordonnée à sa sortie. Mais d’où viennent les bruits à l’origine ? D’une sortie de l’enfer ? Car attention, encore de nos jours, le lieu-dit s’appelle toujours le « Pet au Diable ».

Limaçon de Beauvais. Beauvais est une presqu’île créée par le Thérain, venant de l’ouest par une vallée qui se resserre, dont le nom vient de la racine préceltlque Tar-, tonnant, avec le suffixe fémlnin -ana. Au printemps, il est tumultueux et inonde beaucoup de propriétés, bien que son cours ait été canalisé à une époque reculée. Ce cours canalisé s’appelait au Moyen Age le Limaçon. Quand il débordait, on disait que c’était la serpente vivant au fond de son lit qui se réveillait et semait le désordre, jusqu’à obtenir son dû de victimes. Le combat rituel du chevalier contre le Lumeçon est un classique toujours joué annuellement à Mons en Belgique.

Le loup-garou du Beauvaisis

• Tillé: une femme rentrant le soir le long du ru de la Liovette, en suivant le sentier de Tillé à Guignecourt, fut suivie par une forme noire à partir de la Fosse à Loup. Elle échappa à l’apparition en lui jetant régulièrement des morceaux de pain jusqu’au village, une sorte de Petit Poucet à l’envers. Malheur à l’imprudent qui oublie de prendre un pain, l’apparition de loup ou de louve (la Liovette) ne sera peut-être pas toujours aussi magnanime.
• Rainvillers: un mort, chef des sorciers de la vallée, pouvait se transformer en loup-garou aux yeux rouges et se nourrissait de volailles crues.

La rue où on se perd à Verderel. Un chaudronnier tourna 7 ans dans l’unique rue circulaire du village. Attention à ne pas subir le même sort.

Sources :

• Atlas mythologique de l’Oise, Bulletin de la Société de Mythologie Française, N°228 et 229, 2007
• Les mystères de la Vieille Seine-Oise-Marne. E-Books sur https://uni-megalithes.org

Merci à Fanny Dollé de m’avoir lancé sur cette piste pour son article du Courrier Picard: « Jean-Marc Belot, spécialiste des mythes et des légendes : Des esprits redoutables se sont promenés dans nos campagnes isariennes  » (courrier-picard.fr).

A Mehdi M’Hamdi de la Chaîne Youtube Sylartichot d’avoir ouvert la voie des illustrations par intelligence artificielle. Voir par exemple Les monstres de la vallée de l’Automne et de Compiègne, Youtube, Mehdi M’Hamdi, 2022.

A Ameline Daufresne qui m’ expliqué comment entrer dans le monde de Dall-E et de Midjourney, en allant beaucoup plus loin dans l’expression artistique jusqu’aux tableaux. Voir ses six articles sur ce site, par exemple Mythes et croyances de Thiérache et d’ailleurs. 6 Gargantua, Mélusine, Dame Blanche

À propos de Jean-Marc Bélot

Eclairer le présent, montrer que le meilleur est possible: devenirs des sociétés humaines, lieux merveilleux qui nous entourent.

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