"J'en ai vu passer des humains et des civilisations et je suis toujours là". Regarder le monde à l'ombre d'un mégalithe, ça change toute la vision.
» Parole de Lune » a été sculptée en 1996, en chêne chaulé, 220 x 40 x 40 cm.
Alain Bélot, spécialiste de photographie et d’art et histoire, relate ici ce qu’il a appris lors de la grande exposition rétrospective 2013 à Soissons du sculpteur Nicolas Alquin (voir aussi le livre « Bois et Dérivés », Nicolas Alquin, Editions – Le Temps qu’il Fait- 2013).
Dans la légende du peuple Apache, la lumière blanche qui accompagne cette présence lumineuse le protège. Elle apparaît aux moments cruciaux sous la forme d’une » White painted lady » selon les termes des soldats américains. Les Apaches l’appelle « Parole de Lune ». C’est une déesse claire et protectrice qui veille sur eux et leurs territoires.
Nicolas Alquin en fit la rencontre attendue alors d’un voyage en Arizona en 1993 (p. 42 et 43 de l’ouvrage cité supra): « … Avec Lane ( son guide) on a dit » Bon, le chantier est fini, on part aux dragoons mountains, voir le Cochise Stronghold ». C’est à 400 kms de Carefree, Arizona, par ici, c’est peu. Quand je repère aux loins leurs crêtes de dragon, Lane se marre: » Sont des soldats les dragoons, pas des dragons, you crazy french man ». Au pied de la Mesa ( Phoenix) où Cochise avait trouvé refuge en tenant tête au 20 eme de cavalerie pendant des années ( 1861 à 1871), il y a maintenant un scout polonais qui vend des tickets de parking. La nuit tombera dans une heure. Il nous demande de rester sur le sentier goudronné,…., je bifurque direct par le torrent asséché. Entre les bassines de sorcières, il faut escalader de petites cascades. Presqu’en haut, je m’assied sur un bief de sable fin. Je vois la plaine que voyait Cochise, Chef adoré, avec au loin, une cheminée d’usine en plus. C’est l’Apacharia dans toute sa beauté. Des nuages réguliers ocellent la plaine de leurs petites ombres rondes, en doublant le rythme des buissons de Sauge à l’ infini. J’intime à Lane de fermer sa grande gueule. Je suis venu de loin pour me recueillir ici. Soudain, « Elle » est là: » The woman painted in white », la déesse qui accompagnait les Chiricahuas, la Vierge des White Mountains qui les précédait partout. Je sens sa présence. Tout est lumineux au-dedans. Je tremble d’ouvrir les yeux. Lane crie ! L’as-t-il senti lui aussi? Lui qui avait osé dire tout à l’heure que les indiens avaient » perdu la guerre » ? Depuis lors, j’enduis mes bois de chaux. Et j’ai perdu toute trace de Lane. »
En souvenir de la Dame en Blanc, depuis, le sculpteur recouvre ses oeuvres d’une pellicule blanche de chaux.
Localisation Google Maps: http://maps.google.com/maps?q=31.9259,-109.9670
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