Université des Mégalithes

"J'en ai vu passer des humains et des civilisations et je suis toujours là". Regarder le monde à l'ombre d'un mégalithe, ça change toute la vision.

La Poutre des Dieux: mont Faudé (Lapoutroie, Haut-Rhin), première page sur Internet en 1999

L’axe nord-sud (Jean-Marc Bélot). Dès l’Ancien Empire c’est l’observation du ciel qui fournit le fondement théorique des constructions monumentales en Egypte. Les édifices funéraires ont une orientation très précise, principalement selon un axe Nord-Sud. Les premières pyramides, les monuments à degrés de Saqquara érigées sous la IIIe dynastie sont déjà précises : l’orientation cardinale de leurs faces présentent un écart moyen de 3 degrés à peine. Dans la pyramide de Chéops, érigée sous la IV dynastie, il n’est déjà plus que de 3 minutes et 6 secondes.. Aucun voyageur -pas même Hérodote -n’a percé les secrets de cette performance. « Les bâtisseurs obtenaient cette orientation parfaite par l’observation d’étoiles polaires à partir d’un point situé à l’angle nord de la future pyramide, suggère Rainer Stadelman, directeur de l’Institut archéologique allemand, au Caire. Ils utilisaient le merkhet, une barre horizontale munie d’un fil à plomb et le bay, une baguette de bois à cran de mire dans l’extrémité supérieure ». La façon de procéder est alors simple. Pour déterminer le nord réel, on divise en deux l’angle formé par la position d’une étoile polaire au lever, celle de, l’observateur et celle de la même étoile au coucher, Une fois ce nord déterminé, une cordelette reliant différents points fixes dans la direction nord-sud permettait d’obtenir l’un des côtés de la pyramide. L’angle droit était obtenu par un jeu d’arcs de cercle. Résultat : «Si le théorème de Pythagore sur la relation des côtés n’était pas encore formulé, il devait néanmoins être appliqué dans la pratique», conclut Rainer Stadelman. L’axe nord-sud structure le plus souvent un site. Les implantations romaines et étrusques, commençaient par le tracé de l’axe nord-sud, le cardo, puis de l’axe est-ouest, le decumanus. Au Faudé, le nord est matérialisé par le col entre le Brézouard et le Rehberg. Le sud passe par l’église saint Urbain d’Orbey, le Rain des Chênes (qui porte la Pierre du Loup et de la Pierre Tremblante) et le Kuhberg.

Du sommet du mont Faudé, vers le nord (la Tour du Faudé n’était pas encore édifiée)

L’axe du monde et Lapoutroie. Lapoutroie est un nom réputé récent (précédemment Sconerloch, forêt d’aulnes). Aucun dictionnaire étymologique n’évoque le sens de poutre, image qui pourtant vient en premier à l’esprit. A-t-on voulu cacher la signification de cet axe vertical qu’est le Faudé et autour duquel tournent le soleil et les saisons ?

Le monde en mouvement et Orbey. Les dictionnaires étymologiques font remonter Orbey à Orbeiz (Ur vieux et bah ruisseau). Le sens de monde en mouvement, en orbite autour du Faudé, dérivant du latin Orbis, orbe, espace circonscrit autour d’un centre est pourtant plus immédiat. La dédicace à saint Urbain de l’église d’Orbey est un indice de plus. Et que dire du symbole d’Orbey, une terre qui tourne autour d’un axe terminé d’une croix ?

Moines initiés ? J’exposerai dans la brochure de fin d’année (nota: ces deux brochures sont désormais accessibles en e-book sur le Net: https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/les-mysteres-de-la-vieille-alsace) l’hypothèse suivante. Les moines de Pairis, de filiation initiée, ont rénové une connaissance ancrée sur ce site préhistorique. Ils ont rhabillé les lieux de noms latins parlant aux initiés, en conservant secrète ce savoir dans un Moyen-Age où la vie ne valait pas cher.


Levers et couchers aux solstices et équinoxes

Levers et couchers de soleil aux solstices, équinoxes et milieux de saison (Jean-Marc Bélot, 1999)

La figure montrent les repères correspondants (photos dans la brochure):
– 1er jour de printemps (20-21 mars) ou équinoxe de printemps. Le soleil se lève à l’est très légèrement au nord du Vorhofkopf de Kaysersberg,. Il se couche à l’ouest à la petite tête des Immerlins, un peu au-dessus du col du Calvaire.
– 1er jour d’été (21 juin) ou solstice d’été. Le soleil se lève très au nord-est au-dessus de Saint-Alexis, venant des châteaux de Ribeaupierre (qu’on ne voit pas derrière Saint-Alexis). Il se couche au nord-ouest, entre la tête des Faux et le Brézouard dans l’axe du Rossberg.
– 1er jour d’automne (22-23 septembre) ou équinoxe d’automne. Mêmes positions que le 20-21 mars
– 1er jour d’hiver (21 ou 22 décembre) ou solstice d’hiver. Le soleil se lève très au sud-est, au-dessus du Cras. Il se couche derrière le Gazon de Faite (qui surplombe le lac des Truites)

– milieu de l’hiver (1-10 février). Le soleil se lève au sud-est au col du Herrenwassen, entre les Vorhofkopf de Kaysersberg et d’Ammerschwihr. Il se couche au sud-ouest derrière le Reisberg qui domine le lac Blanc
– milieu du printemps (1-10 mai). Le soleil se lève derrière le Limbachkopf et la Haute Schwertz . Il se couche entre la tête des Immerlins et la tête des Faux
– milieu de l’été (1-10 août). Mêmes repères qu’en mai
– milieu de l’automne (1-10 novembre). Mêmes repères qu’en février

Sites panoramiques similaires au Faudé

Sites panoramiques similaires au Faudé dans l’est de la France

Le Faudé n’est pas du tout un site unique. Les buttes avec vue panoramique à 360°, dans la boucle d’une rivière ou au confluent de deux cours d’eau, sont nombreuses dans les régions de collines voisines de Bourgogne et de Franche-Comté. La plupart a révélé des traces préhistoriques remplacées par une église ou un château et fait l’objet de légendes, variées puisque leur origine s’est perdue et que l’écriture n’existait pas encore. En Lorraine, la colline de Sion-Vaudémont (54) et le rocher de Dabo (57) sont des sites chrétiens inoubliables. En Alsace, où les montagnes sont hautes, elles ont servi de site privilégié: le Donon (67) et les Ballons (Grand, Petit, d’Alsace) (68). Parmi les nombreux sites de Bourgogne, le plus connu est le mont Auxois à Alise sainte Reine (21), où l’Oze et l’Ozerain se jettent dans la Brenne. C’est le site officiel de la bataille d’Alésia de Jules César, mais il existe beaucoup d’autres Alésias challengers. Le mont Lassois à Vix (21) se trouve dans une boucle de la Seine. C’est là qu’a été trouvé le fameux cratère de Vix. Le Montfault à Guyon (89) entre le Serein et le ru de Périgny est l’Alésia bourguigonnne concurrente. Citons aussi Vézelay (89) qui domine la Cure, Château-Chinon (58) qui domine l’Yonne, le Mont Beuvray (71) et son concurrent pour Bibracte, le mont Sénegot (21) et la célèbre Roche de Solutré (71). La Franche-Comté comprend l’oppidum d’Ully à Ornans au-dessus de la Loue, Alaise (25) dans une boucle du Lison, le mont Poupet à Salins les Bains (39), le mont Rivel de Champagnole (39) sur l’Ain, le mont Cornu de Chaux des Crotenay (39) un peu plus en amont, Besançon (25), le Montaucivey de Rougemont et Pont de Roide (25) plus au nord. Toujours parmi les plus connues, Langres (52) et Vesoul (70) sont aussi de belles buttes panoramiques. Bien plus loin au sud, vous aurez bien un jour l’occasion de grimper au Puy (43), à Montségur (09), à Rennes le Château et à Carcassonne (11), à Montlouis (66) ou d’aller visiter les villages ronds du Languedoc.

Ogmios, l’Hercule gaulois. La plus connue des légendes concernant ces sites est celle d’Alésia (des Alésias), se disant avoir été fondé par Hercule. Héros de toute la Méditerranée (Héraclès grec, Hercule romain, Ogmios ou Smertrios gaulois), champion d’une déesse-mère aux noms variés, il effectue douze travaux qui font penser aux douze constellations du zodiaque (ceci sera détaillé dans la publication de fin d’année). La connaissance de ces constellations étant d’origine babylonienne, Hercule pourrait aussi dériver du héros Gilgamesh. Ogmios est réputé par son éloquence. Il est représenté avec des chaînes reliant sa langue aux oreilles du peuple qui le suit. Le christianisme l’a remplacé par saint Pierre aux Liens, qui se fête à la date de Lugnasad, début août.

Je n’avais pas encore Internet. Tout se faisait alors par courrier. La page avait été confectionnée sur le site http://www.contrepoints.com par Johan Dreue. A partir de ma seconde brochure: « Le mystère du Faudé: un observatoire astronomique ? » (Jean-Marc Bélot, Editions du Galtz, autoédition, 15 août 1999, A l’occasion de la Fête de Saint-Louis du Faudé). Cette brochure est actuellement accessible en e-book sur le Net: https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/les-mysteres-de-la-vieille-alsace

À propos de Jean-Marc Bélot

Eclairer le présent, montrer que le meilleur est possible: devenirs des sociétés humaines, lieux merveilleux qui nous entourent.

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Cette entrée a été publiée le 29 février 2024 par dans @ Astres cosmogonie déités, Grand-Est.

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