L’arbre qui saigne d’Hazotsifantatra et le baobab sacré d’Ankify
1er novembre, 11 novembre, c’est le temps où le monde des esprits se rapproche du monde des vivants et où, comme dit la chanson de Mouloudji « errent dans les rues de nos têtes » (Faut vivre). On repense aux arbres des esprits entrevus lors de la Sortie mythologique GIDFMF au bois de Vincennes.
Un pays lointain nous renvoie en écho des traditions parentes: Madagascar.
Andasibe: l’arbre qui saigne d’Hazotsifantatra (province d’Antananarivo). L’arbre d’une espèce inconnue qui saigne est célèbre dans la réserve VOIMMA (Vondron’olona miaro mitia ala) près d’Andasibe. Il ne doit pas être touché, mais peut exaucer vos souhaits. Localisation
Doany: le baobab d’Ankify qui se plaignait (province d’Antsiranana). Sur la cote nord-ouest, la presqu’île d’Ankify fait face à l’île de Nosy Be. Au temps où les arbres marchaient, le grand baobab, passant devant le lac à l’eau claire, se regarda dans l’eau. Il se trouva ridé, bulbeux, pas du tout beau par rapport aux arbres minces, lisses et feuillus. Il se plaignit à Zanahary. Le Créateur dit: « Regarde, chacune de mes créations est unique. Tu n’es pas le plus beau, mais le plus grand et je t’aime comme ça ». Alors les baobabs continuèrent à grandir et devinrent imbus d’eux-mêmes, se sentant supérieurs aux arbustes plus petits. Zanahary se mit en colère. Il saisit chaque baobab, l’arracha du sol et le remit à l’envers. Les baobabs ne pouvaient plus se voir dans l’eau, ni regarder quelqu’un de haut. Ils sont devenus humbles et prennent la place qu’ils peuvent avoir. Aucun baobab ne s’est plaint depuis de son apparence unique avec comme des racines en l’air, et abrite oiseaux et lémuriens. Localisation
Le baobab d’Andranomena (province de Toliara). Le baobab a une place particulière dans la culture malgache et beaucoup de la région sud-ouest sont considérés comme fady, abritant les esprits des ancêtres ou de la forêt, les kokolampo. Ils possèderaient ceux qui s’approchent de trop près. Dans la réserve spéciale d’Andranomena, un baobab de Grandidier a atteint un âge centenaire. Il est considéré comme sacré par les Sakalaves. Dans cette même réserve, à proximité du lac d’Andranovorinampela, qui signifie le lac où les femmes se réunissent en malgache, se trouve un baobab sacré, aux formes suggestives et visité par les couples en quête de fertilité. En outre, les fabacées, notamment les tamariniers et les acacias, font l’objet de rituels invoquant les esprits. Protégées par les fady, les forêts environnantes sont naturellement sauvegardées. Localisation
Il est fady de siffler après la tombée de la nuit, sinon les fantômes vont venir. Pour s’en protéger, jeter une poignée de sel par-dessus votre épaule gauche, sans regarder derrière vous pour ne pas regarder le fantôme dans les yeux. On connaît la même chose à Montépilloy (Oise): en passant la nuit sous les ruines du château, il ne faut surtout ni s’arrêter ni se retourner quand on entend un esprit dire « mais ne marche donc pas si vite ».