Université des Mégalithes

"J'en ai vu passer des humains et des civilisations et je suis toujours là". Regarder le monde à l'ombre d'un mégalithe, ça change toute la vision.

Le petit peuple noir de Taiwan n’est plus une légende

La colline des Xiaoma Caves

Découverts dans une grotte du centre de Taiwan, un crâne et des fémurs datés d’environ 6000 ans (4000 av.J-C.) ravivent le mythe d’habitants présents avant les tribus austronésiennes et encore plus récemment de Chine du Sud. Des chasseurs-cueilleurs de petite taille, à peau foncée, auraient survécu dans la région montagneuse du centre jusque vers 1800. La plupart des tribus taïwanaises ont des légendes sur eux. 258 d’entre elles sont répertoriées. On a cette chance de bénéficier d’écrits de l’époque chinoise Qing (1683-1895) puis de la période de domination japonaise (1895-1945) et de l’ère post-1945. Les « légendes pygmées » peuvent être classées en trois grandes sphères culturelles. Les Atayal, Seediq, Truku, Bunun, Thao et Tsou les ont combattu en tant qu’ennemis étrangers. Les Paiwan, Rukai, Puyuma et Hla’alua les ont cotoyés, parfois épousés, parfois considérés pour certains comme des ancêtres. La troisième sphère est les Saisiyat des régions montagneuses des comtés de Hsinchu et de Miaoli. Ils conservent des cérémonies et des chants traditionnels en l’honneur des voisins de leurs ancêtres, appelés les « pygmées noirs », dont la plus célèbre est le « Pas-ta’ai ». Le peuple Ta’ai de taille naine leur a appris la médecine, le chant, la danse et des rituels. Mais comme ils harcelaient leurs femmes, les Saisiyat ont fini par tuer presque tous les Ta’ai.

Cérémonie traditionnelle des Saisiyat des Wuzhi Mountain de Hsinchu (Xinzhu, Taïwan) (Crédit: Utsurikawa Nenozo and Miyamoto Nobuto, 1936, conservé à la National Taiwan University)

La population paléolithique Changbinian, encore plus ancienne, des grottes de Baxian à l’est de Taïwan il y a environ 30 000 ans, est peut-être ou non partiellement leur ancêtre. Un cas similaire existe aux grottes de Niah au Sarawak de Bornéo avec des spécimen d’environ 30 000 ans, similaires aux Negrito Aeta des Philippines. Il y a quand même un hiatus de 26 000 ans. L’île a été séparée du continent lors du réchauffement climatique d’il y a environ 20 000 ans.

En restant dans le timing de -4000 ans correspondant aux datations, les sépultures de Xiaoma les rapprochent des Negrito des Philippines, rencontrés par les Espagnols au XVIe siècle. L’ADN du crâne montre un lien génétique avec les Philippines et les îles Andaman. Des sites comparatifs pré-agricoles du sud de la Chine, du Vietnam et du site de Jomon au Japon, appartiennent à cette couche de population, cependant plus récente que les Australo-mélanésiens et les Papous. Elle serait d’origine africaine proche, commune avec l’Afrique orientale, en particulier les San d’Afrique du Sud, ensuite noyés dans les migrants agricoles du Néolithique. Les Negrito Mani ou Maniq de Thaïlande, Semang de Malaisie et Hoabinhian de l’Asie du Sud-Est continentale ont une parenté avec eux. Il s’ajoute un niveau élevé d’ascendance Denisovienne, rencontrée sur place, pour ces populations. Jerusalem Post; MSN; Tandfonline

Les Xiaoma, proches des Negrito et des Jomon

À propos de Jean-Marc Bélot

Eclairer le présent, montrer que le meilleur est possible: devenirs des sociétés humaines, lieux merveilleux qui nous entourent.

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Cette entrée a été publiée le 13 octobre 2022 par dans @ Epreuves choses extraordinaires, Taïwan.

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