"J'en ai vu passer des humains et des civilisations et je suis toujours là". Regarder le monde à l'ombre d'un mégalithe, ça change toute la vision.
Nous nous étonnons souvent à la vue d’une forme familière dans les reliefs du paysage. La tête d’homme de la colline à l’entrée de la vallée de Crouy, la « femme au tablier » à Coincy, la pierre au coq à Ormoy-Villers, les Hill Figures des collines d’Angleterre sont attribuées selon le cas aux périodes entre le Mésolithique et l’âge du fer. Plus audacieux, l’auteur du site Mithranalyse envisage une hypothèse solutréenne dans « Solutrean hypothesis« . Il a commencé ses recherches dans une vallée de Haute-Provence, où les collines pourraient devenir aussi importantes que les collines-pyramides de Bosnie ou du Pacifique.
Là où homo sapiens a commencé à étudier le ciel, qu’il s’est situé dans l’espace et le temps, que seul de tous les animaux il s’est interrogé sur l’au-delà, source d’angoisse mais de grande créativité. C’est le point de départ de la révolution cognitive. De l’Égypte antique aux grands travaux de François Mitterand la civilisation mégalitique ne s’est jamais éteinte, combattre l’angoisse existentielle par des travaux pharaoniques, « il faut éteindre la démesure plus encore qu’un incendie » Héraclite d’Éphèse.
Au lieu-dit Roulelles (nom donné au Moyen-âge par les moines, anciennement employé pour roulelles de veau) au solstice d’été le soleil « s’arrête » juste à la pointe de la montagne de Bergies, au solstice d’hiver dans le creux, vallon du Bais, deux points faciles à identifier par conséquent. POURQUOI LÀ ? Un jour, un homme plante un piquet entre l’endroit où il se trouve et le solstice d’hiver, le lendemain il revient, puis le surlendemain, il se rend compte que le soleil est reparti dans l’autre sens. Il ne sait pas que c’est le cycle de la terre, mais peu importe, il peut rassurer les siens, ce ne sera pas l’apocalypse. Mais pour observer la lune et les étoiles il lui faut bien d’autres piquets, et ses contemporains ne vont pas tailler des arbres pour les placer autour du nombril d’un illuminé, quant à tailler des pierres n’en parlons pas, il y a plus urgent, trouver de la nourriture, entretenir le feu, protéger les enfants des prédateurs, et l’espérance de vie est courte. Bien avant Göbekli Tepe, Stonehenge et les Pyramides, il fallait donc que l’endroit soit « naturel ». Ce ne pouvait pas être dans le désert ou près de la mer, pas de points fixes, pas dans la forêt vierge ni dans les Alpes où de hautes montagnes cachent vite le étoiles, ni au sommet, pas de points de repères au dessus des pieds. Il fallait enfin un ciel dégagé, balayé par le Mistral, et aussi un lieu où il pouvait vivre toute l’année. C’est donc dans cette vallée qu’un petit groupe d’homo sapiens se fixe et commence à étudier le ciel, des millénaires avant Sumer, avec comme points de repères les sommets des moyennes montagnes, là qu’il prend conscience de l’infini et de sa finitude, qu’il se situe mieux dans l’espace et le temps, que seul de tous les animaux il s’interroge sur l’au-delà, source d’angoisse mais aussi et surtout de grande créativité.
L’histoire quand l’homme commence à s’intéresser à la lune ou au soleil, ainsi que la naissance de dieu Mithras (que je connais sous le nom Mihr), me fascinent toujours. Merci pour l’article.
Il est resté longtemps – cf le Mythraeum, qui reste en substructure au pied de la cathédrale de Beauvais, côté Musée – s’il n’est pas toujours en vigueur sous des épithètes et attributs du Christ.