Université des Mégalithes

"J'en ai vu passer des humains et des civilisations et je suis toujours là". Regarder le monde à l'ombre d'un mégalithe, ça change toute la vision.

Sortie mythologique en Vermandois, sources de la Somme et de l’Escaut et visite mythologique de Saint-Quentin

Bienvenue au pays des hommes-chevaux ! Le Vermandois. Le nom de cette petite région provient de celui de la tribu gauloise des Viromanduens. Les termes gaulois viro et mandus signifient homme et cheval. Les Viromandui seraient les hommes-chevaux, avec une référence guerrière très probable. Cela fait aussi penser au signe du Sagittaire. Tout comme le Valois (capitale de l’archerie) et le Soissonnais (reliques de saint Sébastien, martyrisé à coups de flèches), le Vermandois est dans le signe du Sagittaire du zodiaque centré sur Paris (montagne Sainte-Geneviève). Sa capitale guerrière était l’oppidum de Vermand, complétée sous l’empereur Auguste par Augusta Viromanduorum, sa capitale commerçante. Deux capitales, c’est normal pour un signe double comme est celui du Sagittaire.

9h30 Départ en traversant Saint-Quentin. Quentin est un évangélisateur venu de Rome, faisant partie du cycle des martyrs de Rictiovare, préfet de Belgique Seconde à la fin du IIIe siècle (avec Lucien de Beauvais, Firmin d’Amiens, Gratien de Saint-Gratien, Crépin et Crépinien de Soissons, Valère et Rufin de Bazoches, Macre de Fismes, Fuscien, Victoric et Gentien de Saint-Fuscien, Just de Saint-Just, Piat de Tournai), donc un peu après saint Denis de Montmartre et saint Rieul de Senlis. Il devint boiteux suite à une chasse contre un loup garou des Ardennes. Il prêcha à Amiens : arrêté, torturé, on l’emmenait à Reims pour le juger mais, arrivé chez les Viromanduens, il échappa miraculeusement et se mit à prêcher. Rictiovare alors le fit décapiter et fit jeter son corps dans les marais. Fêtes : 31 octobre 287 ou 303 (martyre), 24 juin (1ère invention), 3 janvier (seconde invention). Première invention : 55 ans plus tard, un songe conduisit Eusébie, une aveugle venue de Rome à Augusta Viromanduorum pour retrouver la dépouille de Quentin. Ses prières l’emmenèrent à un endroit où le corps et la tête du martyr ressurgirent des eaux. Eusébie souhaita le faire ensevelir à Vermand, mais les bœufs le transportant s’arrêtèrent en haut d’une colline, où fut construite une chapelle précédant l’actuelle basilique, et elle retrouva la vue. Seconde invention : en 641, sa tombe étant oubliée, saint Éloi la retrouva d’une façon miraculeuse, voyant une lumière qui, quand il ouvrit la tombe, éclaira le ciel. Une odeur de sainteté se répand dans l’église. Le pèlerinage prit une grande extension, saint Eloi déposant les reliques dans une châsse fabriquée de ses mains. Saint Quentin guérit les rhumatismes, la toux, la coqueluche, les fièvres, la peur du loup, la constipation, les maux d’yeux, l’aveuglement.

Le Quai Gayant. Le canal Crozat joignit l’Oise à la Somme sous Louis XV et Louis XVI. C’est l’origine du port de Saint-Quentin. Il prit le nom de canal de Saint-Quentin pour rejoindre l’Escaut. A la ligne de partage des eaux, le souterrain de Riqueval, 6 km, fut creusé. Il fut inauguré en 1810 par Napoléon Ier et l’impératrice Marie-Louise. En 1966, l’ouverture du canal du Nord par Péronne et Noyon, le supplanta. Port Gayant à St-Quentin : Gayant est surtout connu comme le géant de Douai. Peu après la mort de Charlemagne, ce forgeron, homme du feu, protégea la ville contre l’invasion par les Reuzes, venus de la mer (probablement les Vikings), peuple de l’eau. Le nom de Gayant pour le géant se retrouve dans le nord de l’Aisne à Saint-Quentin et à Chauny. A Chauny, il s’est assis pour regarder passer les bateaux. Plus au sud, c’est Gargantua qui est présent au Verziau de Gargantua (pierre levée à Bois-lès-Pargny) et à la Hottée de Gargantua à Molinchart. Il est réputé porter le soleil d’est en ouest (cf jambes de Gargantua dans le ciel), donc lié aussi au feu. On remarquera qu’on est dans le signe du Sagittaire, signe de feu.

Sainte Hunégonde, abbesse d’Homblières, 25 août 690. A Homblières, on ne quitte pas les géants avec sainte Hunégonde (cf géante Huna d’Alsace et les Hunebedden, lits de géants néerlandais), peut-être la parèdre de Gayant, rive gauche ; comme Eusébie est celle de saint Quentin. L’abbaye d’Homblières et la châsse de sainte Hunégonde aux Xe et XIe siècles. [article]. Procession à sainte Hunégonde à Homblières. Le 1er dimanche de juillet, jour de la procession en mémoire de la translation de ses reliques. Encore enfant, elle allait toutes les nuits assister aux prières des religieuses d’Homblières. On appelle encore Chemin de sainte Hunégonde, un chemin vert conduisant des Lambais à Homblières. Persécutée par son mari, elle lui échappa lors d’un voyage à Rome pour se précipiter faire vœu de virginité aux pieds du pape. Elle revint seule à pied et se retira au couvent d’Homblières. Son corps fut retrouvé le 6 octobre 946, par Berthe, abbesse de ce monastère. L’évêque de Noyon vint exhumer le corps, qui n’avait cessé de jeter un éclat des plus radieux, de répandre une odeur des plus suaves et d’opérer d’insignes miracles. La cérémonie s’en fit le 7 novembre. Les nonnes d’Homblières furent ensuite connues par leur libertinage, jusqu’en 1793 où elles furent dispersées. Le 25 novembre 1793, les reliques furent enterrées dans l’église paroissiale.

  • Pèlerinage à sainte-Hunégonde à Seboncourt
  • Fontaine Ste-Hunégonde d’Urvillers. Recherchée pour sa bonté et contre la fièvre
  • Pèlerinage à la fontaine Ste-Hunégonde, entre Fayet et Gricourt. Dans le bois Pithon, sa vertu est de guérir la fièvre, à toute époque de l’année. Le pèlerinage rappelle-t-il une géante remplacée sous les Francs, comme sainte Huna dans les Vosges ? (En germanique, Huna veut dire géante). La dame de Fayel /Fayet apparaît aussi comme héroïne à Coucy-le-Château : le chevalier Raoul de Coucy avant de mourir en Terre sainte, charge son écuyer de porter son cœur à la dame qu’il aime, Gabrielle de Vergy, épouse du comte de Fayel. Celui-ci récupère le cœur à son arrivée et le sert en repas à sa femme, lui disant ensuite. Elle se laissera mourir de faim.
  • Fontaine Ste Camione, à Mesnil-St-Laurent. Pèlerinage toute l’année, contre la langueur. Une sainte grande comme un camion.

10h-10h40 Sources de la Somme à Fonsomme (saint Blaise pour les maux de gorge). Cette sortie complète le tryptique de sorties « en remontant la Somme » : en Baie de Somme en 2003 et Ascension 2016 au pays des eaux bleues de la Somme avec Laurent Devîme. Source de la Somme à Fonsommes. Pèlerinage à saint Blaise et à saint Lanci, pour guérir les maux de gorge. Du latin summa, point le plus élevé, Somme signifie source dans de nombreux lieux. Au temps des gaulois, elle se nommait Samara, la rivière tranquille, de samo (tranquille) et ar (rivière ou vallée). Qu’on ait coupé la tête de saint Quentin peut rappeler que, désormais, la tête de la Somme était par ici. Car il n’y avait pas de légende de l’origine de la source, ou plutôt elle était oubliée car la référence à la gorge est aussi présente plus bas dans son cours. La source la plus importante était celle de l’Ancre et même plutôt de l’Hallue, plus en aval dans la Somme, les 3 cours d’eau se jetant dans un immense lac vers Corbie aux temps préhistoriques. Mythologiquement, l’Hallue naquit expulsée de la gorge d’un géant nommé Gargantua, fils d’un ours et d’une châtelaine, il faisait des enjambées de 10 ou 12 lieues, chacun de ses repas durait six mois, des collines naissaient de ses déjections. Un jour, un bûcheron entra par hasard dans sa bouche. Il trouva sept pèlerins qui vivaient depuis sept ans de ses réserves. Il les libéra en chatouillant avec son fagot la gorge du géant. Cela eut pour effet de libérer aussi l’Hallue, qui coule toujours ! En descendant la Somme après Saint-Quentin, toujours dans l’Aisne, on rencontre plusieurs lieux-dits Pithon. Puis, à Ham, première ville du département de la Somme, la famille de Luxembourg revendiquait descendre de Mélusine. Le château avait une gargouille féminine avec un collier de perles et un corps couvert d’écailles de poisson. Près de Péronne, le fleuve est le domaine de la bête qui s’allonge ou qui entraîne. Il s’agit d’un animal fantastique qui s’offre à transporter les imprudents qui lui grimpent sur le dos; il allonge alors le cou démesurément et précipite ses cavaliers dans l’eau. A Allaines, elle s’appelle la bitarde et à Allery, la dallue. A Allaines, c’est un cheval blanc ou un baudet. C’est un cheval blanc à Maurepas : Le baudet pouvait transporter 7 personnes. La bête qui s’allonge est un baudet à Carnoy, un carimaro à Cléry-sur-Somme et un gobelin à Curlu : le promeneur était contraint de rebrousser chemin quand il le rencontrait (la rivière Oise, pas loin d’ici, est le domaine de Marie-Grouette, qui habite dans le fond et attire par les pieds l’imprudent qui s’approche trop du bord).

11h05-11h45 Sources de l’Escaut et tumulus du Mont-Saint- Martin (ancienne abbaye de Prémontrés) (légendes sur l’Escaut, saint Martin, forêt d’Arrouaise). L’Escaut passe à Cambrai, Valenciennes, Tournai, Gand, Anvers, c’est un fleuve. Scaldis signifie en gaulois rivière brillante ou belle rivière, et en latin, peu profond (Schelde en flamand). Jusqu’au XVIIIe siècle, sa source était à Ponchaux, 4 km plus au nord. Fleuve lent, c’est une voie de communication depuis toujours.

  • Mont-St-Martin, à Gouy. Près de l’ancienne abbaye du Mont-St-Martin. Saint Martin aurait détruit les idoles d’un tumulus dont son sommet était orné
  • Forêt divinisée d’Arrouaise (Aridagamantia, 1097) d’Albert à la Morinie et à la Sambre, reste de la forêt d’Ardenne. Son nom se retrouve dans Gouy-en-Arrouaise, la ferme d’Arrouaise (Fesmy-le-Sart), Fresnoy-en-Arrouaise (auj. Fresnoy-le-Grand), Montigny-en-Arrouaise, Vaux-en-Arrouaise (auj. Vaux-Andigny), le bois et la ferme de l’Arrouaise à Oisy et, dans la Somme, dans Le Mesnil-en-Arrouaise. Atravasia silva au XIème siècle, Arosia en 1135 puis Arwasia en 1202. Du nom des Atrebates et suffixe latin -ia. Une petite rivière s’appelle l’Arrouaise et va se jeter dans l’Ancre, affluent de la Somme.

Quelle divinité ? L’abbaye Saint-Nicolas du Transloy (62) fut fondée en 1090, où un arbre antique était à la frontière Amiénois-Vermandois-Artois, et peut-être même Cambrésis. Au lieu-dit le Tronc-Bérenger, deux prêtres Hildemar et Conon rencontrèrent un ermite, Roger, se joignirent à lui et bâtirent en ce lieu un oratoire qu’ils dédièrent à la Sainte Trinité et à saint Nicolas (cf trinité celtique et le Nix). Bérenger aurait été un chef de bande au VIIe siècle, aurait écumé la Morinie et serait enterré à la Motte-Bérenger, au sud-est de Bapaume, entre Sailly-Saillisel et Mesnil-en-Arrouaise.

  • Fresnes-sur Escaut (célèbre par son Chêne à la Vierge, près de Valenciennes) : Cambrinus, inventeur de la bière. Ce jeune verrier était follement amoureux de Flandrine , la fille de son patron, qui se moquait bien de lui. Gambrinus chercha l’oubli dans le vin, le cidre, le poiré, l’hydromel, le cognac, le genièvre, le gin, le whisky, le kirsch germain. Mais plus il buvait, plus il enrageait. Il chercha conseil auprès du diable, qui fit surgir de terre une houblonnière et lui dit:  » La fleur va te guérir du mal d’amour ». Une brasserie surgit par magie et le malin lui donna la clé. Pour se venger des habitants qui se moquaient de ses amours contrariés, le diable lui conseilla de fabriquer un carillon de verre qui les fit danser comme des fous. Gambrinus récompensé pour ce breuvage fut fait duc de Brabant, comte des Flandres et seigneur de Fresnes. II fonda Cambrai et oublia Flandrine. Quand le diable vint chercher son âme, Cambrinus le fit tellement boire qu’il repartit ivre en l’oubliant.
  • Serpent « de canal » vu dans le canal de l’Escaut. Bien avant le 20e siècle, des témoignages dignes de foi ont rapporté l’apparition d’un animal monstrueux dans cette zone. Qui plus est, ces témoins, qui avaient vécu à des siècles différents, avaient pratiquement tous la même description de la bête. Les poètes comparent l’Escaut à un serpent lové sur la Terre.
  • Tournai : combat du Lumeçon à proximité, à Mons
  • Gand : le dragon du beffro. Le roi païen de Jérusalem avait une fille, Blanka. Perdue, elle rencontra la troupe de Baudoin et de ses gantois, qui la mit captive dans une tour, demandant la ville en échange. Le roi de Jérusalem envoya en attendant son dragon gardien en protection vers la tour. Des chevaliers brugeois proposèrent de la libérer contre une somme d’argent. Mais le messager brugeois fit assassiner l’envoyé, s’appropria l’argent, donna un soporifique au dragon, le tua avec l’aide des autres brugeois et le chargea sur plusieurs chevaux, ainsi que Blanka, jusqu’au port. Baudoin et ses Gantois ne purent les rattraper. Le chevalier brugeois gagna le coeur de la païenne et la convertit. Arrivés, ils se rendirent au sommet d’une dune, à la chapelle bâtie par Saint Eloi, et le chevalier nomma le lieu Blankenberg. Blanka fut aussitôt baptisée et le même jour on célébra leur mariage. Ils vécurent à Bruges et firent présent à l’église de St. Donat du dragon qui resta suspendu à la voûte par des chaînes de fer. Plus tard, ayant brûlé, un artiste en fit un semblable en bronze, placé sur la tour de St. Donat. L’action honteuse du chevalier brugeois n’était pas effacée de la mémoire des Gantois. Au XVIe siècle, leur haine éclata. Artevelde, le célèbre et héroïque brasseur engagea les Gantois à aller combattre les Brugeois. Bruges fut assiégé. On se mit en prière et en processions implorer la protection de Saint Georges. Profitant que la procession était à une extrémité de la ville, les Gantois entrèrent par le côté opposé et coururent en vainqueurs à l’église de St. Donat descendre le dragon. On l’emporta à Gand, et les magistrats décidèrent qu’on le placerait sur la tour de l’hôtel de ville, où l’on peut encore le voir aujourd’hui.
  • Anvers : le géant Druon Antigoon demandait un péage aux marins remontant l’Escaut et coupait les mains de ceux qui refusaient de payer et les jetait au fleuve. Il fut tué par Silvius Brabo qui lui coupa les mains et les jeta dans l’Escaut, d’où le nom (Hand = main, werpen = jeter). En souvenir, Anvers produit des cookies en forme de main. Plus probablement, Anvers doit son nom à une avancée, un ‘aanwerp’, un terrain surélevé où s’établirent les premiers habitants. Une statue de Silvius Brabo brandissant et jetant la main d’Antigone est située sur la Grand-Place d’Anvers. Tout près, une représentation plus ancienne trône au-dessus du puits de Quentin Matsys, le Putkevie, sur le Handschoenmarkt (Marché aux Gants).

11h45 Retour par Bellicourt, Bellenglise, puis Vermand. Forêt nommée Bellen ou Belain à Bellenglise (Belaineglise, 1190). Le village aurait été construit sur l’emplacement de cette forêt.

12h-12h40 Vermand, sur l’Omignon (marais du martyr de Saint-Quentin, fontaines St-Quentin et St-Blaise, oppidum se voit). L’oppidum de Vermand était la capitale des Viromanduens. Remplacée par Augusta Viromanduorum, fondée sous Auguste, Vermand redevint capitale au IVe siècle, à la ruine de Saint-Quentin. C’est la période où les chefs-lieux de cités prenent le nom du peuple. On ignore le nom précédent. Pèlerinages à saint Quentin :

  • Fontaine St-Quentin, à Vermand. Pèlerinage pour la fièvre des enfants, à Marteville, le jour de l’Ascension
  • Fontaine St-Quentin, à Savy. Procession pour les maux d’yeux le jour de l’Ascension
  • Fontaine St-Quentin, à Holnon. Pèlerinage. Fête le 31 octobre
  • Procession en l’honneur de saint Quentin, à Moÿ-de-l’Aisne
  • Pèlerinage à saint Quentin, à Neuvillette. Avec une petite statue en bois dans l’église. Pèlerinage le jour de sa fête
  • Pèlerinage au rétable du martyre de saint Quentin pour les enfants constipés, à Guise. Après de longs trajets souvent effectués à pied et presque toujours avec fatigue, les mères dressaient respectueusement leur progéniture devant cette représentation impressionnante. Troublés et secoués par la longue marche, la détente intestinale les délivrait

 

  • Saint Christophe pour délivrer les enfants de la peur, à Bray-St-Christophe. En tout temps, mais particulièrement le 25 juillet
  • Saint Christophe contre la peur et aujourd’hui des automobilistes, à Villers-St-Christophe. Toute l’année et le 25 juillet
  • Monsieur Lefèvre, ancien prêtre de Roupy regardé comme saint. A toute époque, pour faire marcher ou guérir les enfants
  • Pèlerinage à la fontaine St-Wilford pour les enfants malingres, à Dallon. Probablement Milford ou Millefort, Gunifortus, évêque et martyr à la Bouvaque [5 novembre/1er mai])

 

  • Vallée de Pithon à Pithon
  • Fontaine St-Remi, à Pithon. Pèlerinage contre la fièvre
  • Pithon à Essigny-le-Grand. Ancien fief de la commune
  • Vallée et bois de Pithon à Gricourt
  • Nid de la Bête à Amigny-Rouy. L’Oise, déborde souvent sur des kilomètres, pensait-on : sous l’effet de la Bête qui niche ici

 

15h Visite de la ville. Détruite à 80% à la Première Guerre mondiale, le plan de reconstruction de Bigot est adopté en 1919. Les édifices publics et les commerces sont construits dans le style Art Déco. L’agglomération antique est au confluent de la Somme au sud et d’une vallée de sources à l’ouest. La principale est celle du Gronnard. Il en existait d’autres au nord-est, scellées par les fortifications au XIVe (enseigne ou quartier des Fontaines). D’autres surgissaient en amont au Prè aux Oisons (plus tard Bagatelle). Elles alimentaient des cours d’eau divagants, espaces marécageux, de taillis et de prés. Le fleuve encore modeste, les sources sont à 12 km, s’accroît grâce aux sources de Harly, Rouvroy et du faubourg d’Isle (Fontaine ferrée, des Turgeons, de l’Ermitage). Le parcellaire et l’archéologie suggèrent une trame. L’axe général est-ouest, conservé par l’avenue Faidherbe et la rue Emile Zola, pourrait correspondre au decumanus principal. Nous allons suivre cet axe qui est celui de la procession de la Papoire. Un lien est conservé au sud avec le Mont Fendu, où fut exécuté le comte de Vermandois Héribert II, qui mit Charles le Simple dans la prison où il mourut. Saint-Quentin, JL Collard, Persée ; Carte archéologique de l’Aisne; Démons et merveilles de l’hôtel de ville de Saint-Quentin (B Lebrun). Lille : du Quesne, 2009

Basilique. L’hypothèse d’un temple sous la Collégiale repose sur l’inscription qui y a été retrouvée

  • 15-22 : martyre de saint Quentin. 358, Eusébie a la vision du lieu où retrouver le corps, où la voie Amiens-Laon traverse le fleuve. On voulut l’emmener à Vermand (Augusta ayant été saccagée de 241 à 275 par les Germains), mais le corps se fit si lourd qu’il fallut s‘arrêter là où on bâtit une chapelle. La dame recouvra la vue et les malades présents la santé. Le Vicus Sancti Quentini se développa autour. On entrait par la Porte Fréreuse. Suite aux invasions d’Attila puis des Francs, la tombe fut ensevelie puis perdue. Laville ruinée, saint Médard transféra l’évêché à Noyon, plus sûre. Saint Eloi la retrouva le 3 janvier 641 par une odeur suave et une lueur mystérieuse (fête de l’Allumerie). Elle fut confirmée par la présence de grands clous de fer, qui auraient été enfoncés sous les ongles du martyr, puis de grandes broches dans le corps (représentation de saint Quentin, avec une broche qui sort de chaque épaule). Parties à Laon lors des invasions des Normands, elles revinrent et une nouvelle église fut édifiée en 942. Crypte : tombeaux des saints Quentin, Cassien, Victorice.
  • L’abbaye Saint-Quentin-en-l’Ile fut édifiée là où le corps fut retrouvé. Sa spécialité curative: les reliques soignent les «enflés», c’est-à-dire les hydropiques et plus largement toutes les plaies et ulcérations affectant la peau (secondairement des plaies internes et les fièvres). Les pèlerins se procurent l’eau curative dans la chapelle d’Isle, où se trouve le puits aménagé à l’emplacement du corps du martyr. Les reliques y sont trempées; elle doit être au moins bénite par une prière particulière. Selon les affections, il faut la boire (maux internes, fièvres) ou l’appliquer (corps, lavements) au moyen de linges ou bandelettes. Il convient d’aller prier sur le tombeau du saint durant neuf jours : la grande neuvaine consiste à assister à tous les offices, un cierge ardent à la main et à jeûner; la petite se limite à un certain nombre de prières quotidiennes durant le même laps de temps. En cas de guérison, on remercie le saint par une offrande à son église.
  • Abbaye et faubourg d’Isle et fontaine des bouillons. Monastère de Bénédictins fondé vers 500 par Clovis, restauré avec le titre d’abbaye en 965. Il adhéra à la réforme de Saint-Maur en 1667. Fermé à la Révolution. Texte et photos de Charles Gomart. 1671, on a commencé à abattre la grande terrasse et les deux moulins à vent du faubourg d’Isle d’autant que ce lieu, en temps de guerre et dans un siège, on pouvait fort incendier cette ville. M.Certant était intendant des ouvrages et M. de Bragellonne, ingénieur, et le sieur Gruge entrepreneur de toutes ces fortifications. L’on a rempli par ce moyen le grand fossé ancien de la vieille ville, vers la rue Mayeure, proche l’église de Saint-Eloi ; et la bonne fontaine des bouillons a été perdue et étouffée et réduite à néant. La fontaine des bouillons était une source d’eau limpide, ainsi appelée parce qu’elle jaillit à gros bouillons. Elle existait de temps immémorial et Quentin de La Fons, dans son Histoire de la ville de st Quentin t, 1, p. 44, se plaignait de l’état de négligence où on l’avait laissé de son vivant.   Source : archives société académique

On retrouve la trace du bourg fortifié du IXe siècle autour de la basilique. Une charte communale, l’une des premières, est octroyée à la ville en 1080. Aux XIIe et XIIIe siècles, c’est une cité drapante où convergent les draps de laine qui sont foulés, teints puis négociés. L’habitat a largement débordé de l’enceinte du IXe siècle et de nouveaux remparts sont élevés. La Collégiale débute à l’extrême fin du XIIe siècle. Saint-Quentin compte alors sans doute entre 12 000 et 15 000 habitants.

Hôtel de Ville. Au XVIe siècle, la cité se dote d’un nouvel Hôtel de Ville (1509) et retrouve sa dimension commerciale (vins, draps et toiles). Mais en 1557, l’armée espagnole de Philippe II assiège et pille la cité, qui sera rendue en 1559 au traité du Cateau-Cambrésis. Sous Louis XIII, les fortifications obsolètes sont renforcées.

La maison du Petit Saint-Quentin, à l’angle des rues Saint-Martin et Sainte-Marguerite aurait été le lieu de sa prison et de son martyre.

Eglise Saint-Jacques. XIIIe, détruite en 1557 et reconstruite à quelques dizaines de m. En 1805, le clocher est converti en beffroi et la nef sert de halle aux grains et aux poissons, puis de Bourse du Commerce. En 1918, il ne reste que le clocher et quelques colonnes. De 1927 à 1929, elle reconstruite en bourse et chambre du commerce mêlant Renaissance et gothique. En 1936, le haut du clocher menace de s’effondrer et est abattu, le bas étant caché par la façade. Devient un lieu de culture dans les années 90.

De la fin du XVIIe siècle à la Révolution, la prospérité économique de la ville repose sur les toiles de lin qui sont blanchies, apprêtées puis négociées dans la ville. Cette production de grande qualité approvisionne alors les cours européennes et du monde. A l’ère industrielle, les fortifications sont abattues (1820-1840), laissant place à de nouveaux quartiers et au parc des Champs-Elysées. Le canal de Saint-Quentin et la ligne de chemin de fer Paris-Saint-Quentin favorisent les échanges.

Fontaine aux grenouilles. Cette fontaine monumentale est située au milieu de la Place La Fayette, dite là-bas place des grenouilles. Des grenouilles en fonte ou en bronze (?) crachent l’eau dans un premier bassin circulaire; Au centre de ce bassin un autre bassin et au centre de ce dernier une colonne avec des vasques accolées. Les jeux d’eaux doivent être jolis quand elle fonctionne… GPS : 49°51’04 » N / 3°17’14 » E. La fontaine Paringault de la place Lafayette a été érigée en 1897 par l’architecte Malgras et le sculpteur Gillain. Elle était surmontée d’un buste de Paringault qui avait institué St Quentin sa légataire universelle. Elle était entourée de grenouilles. La fontaine est fondue par les allemands à la 1e guerre mondiale. En 1933, la municipalité réinstalle la fontaine. La partie architecturale est d’André Brassart et le buste d’Ernest Diosi. Le second buste sera fondu pendant la seconde guerre mondiale. L’actuelle fontaine est remise en eau en 1986, sans buste mais avec les grenouilles.

À propos de Jean-Marc Bélot

Eclairer le présent, montrer que le meilleur est possible: devenirs des sociétés humaines, lieux merveilleux qui nous entourent.

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Cette entrée a été publiée le 30 mai 2019 par dans Hauts de France, Normandie, Sorties et conférences.

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