Université des Mégalithes

"J'en ai vu passer des humains et des civilisations et je suis toujours là". Regarder le monde à l'ombre d'un mégalithe, ça change toute la vision.

Cirque mégalithique de la vallée sèche de Fontaine-Chaâlis

Cet endroit parcouru par les cueilleurs, randonneurs et vététistes du nord de Paris est facile d’accès. On sort à Saint-Witz de l’A1 et c’est juste après Mortefontaine, au petit parking du carrefour Saint-Barthélémy. C’est ainsi que Danielle l’a découvert et a souhaité qu’on le parcoure, histoire de voir s’il y a quelque chose à décoder. Effectivement, l’endroit est intéressant. Déjà par son approche: les franciliens quittent leur domaine en passant la côte d’Ile-de-France, connue par les mythologues comme le dos du dragon maîtrisé par saint Witz. On reconnaît ses trois bosses (en vert) en partant de Meaux: la butte de Monthyon (Mons Jovis, un mont Jupiter), la butte de Montgé-en-Goële, la butte de Dammartin-en-Goële. Et sa tête est la butte de Saint-Witz, bien connue pour la difficulté de son Semi-Marathon qui se fait un plaisir de la parcourir. Ensuite, on est très proche du chemin du couronnement, que prenaient les rois de France pour se rendre à Reims.

Alors on va commencer à être plus précis. Au-dessus des étangs de Mortefontaine, il se trouve une vallée sèche qui se termine en gorge vers l’est. Elle est entourée à son sommet par le cirque mégalithique parcouru ici. Il s’agit à l’origine de pierres d’érosion d’un chaos gréseux, retravaillées au moins pour certaines à différentes époques: pas vu de gravures mésolithiques, mais au moins néolithique, en particulier néolithique final (civilisation de Seine-Oise-Marne) et période médiévale. Il y a des milliers de pierres et plusieurs bancs de pierre bien blanche, apte à la construction. Le lieu mythologique le plus proche est la chapelle Sainte-Marguerite des Grès, un peu à l’ouest. Le nom de cette chapelle, en limite de Mortefontaine, provient du grès qui l’a précédée, dont le creux avait fourni un abri à une vierge. Une tradition s’est longtemps maintenue parmi les femmes des environs. Elles venaient chercher du sable provenant du grès érodé et le mélangeaient à leur boisson pour s’assurer une grossesse et un accouchement favorables. C’était l’une des attributions de la Vierge et, dans certains textes anciens, la chapelle porte parfois le vocable de Notre-Dame-des-Grès, comme l’autre Notre-Dame-des-Grès située à Silly-le-Long (Eugène Muller, Senlis et ses environs, 1896). La pierre glissoire appelée le Banc de la Mariée à Bucy-le-Long (02) domine une église Sainte-Marguerite. La fête de sainte Marguerite est le 20 juillet, nous en sommes tout près. Pourquoi les accouchements: avalée par un dragon, elle sortit sans encombre de son ventre en se ménageant un passage avec sa croix. autre saint intéressant: saint Barthélemy, 24 août: le 24 août (angle au lever du soleil) correspond à l’inclinaison du chemin qui traverse le défilé.

Attention, nous ne sommes plus sur la commune de Mortefontaine, mais déjà sur celle de Fontaine-Chaâlis, qui renferme l’une des anciennes abbayes renommées au Moyen-Age, tout près de la Mer de Sable, cette dernière étant sur la commune d’Ermenonville. Chaâlis a été un lieu important dès le VIIe siècle et propriété de l’abbaye de Saint-Denis près de Paris, lieu de sépulture des rois de France. Chaâlis provient, de proche en proche, de son ancien lieu latin: Calisium, lieu où il y a des pierres. Et plus fort encore, Fontaine-Chaâlis n’est appelé ainsi que depuis peu. Son ancien nom était Fontaine-les-Cornus. Les habitants n’aimaient pas, les cornus étant associés aux maris trompés… Mais ce n’est pas du tout ça: les cornus, comme les animaux à cornes, étaient les personnes ayant des cornes, antennes favorisant le lien avec l’Au-Delà. On commence à mieux comprendre le besoin d’implanter une abbaye pour christianiser le lieu. Un exemple un peu plus au nord, autour du Mont Pagnotte, est expliqué dans Mythologie du pays d’Halatte. Ce fut aussi le cas près de Villers-Cotterêts avec la chapelle Saint-Georges, pour contrecarrer les méfaits du terrible seigneur de la forêt. Certains menhirs étaient même cornus, comme la Pierre Frite du mont Cornon et d’autres. C’est l’indice d’un lieu préchrétien encore ici au VIIe siècle.

Cependant, à part l’orientation sur Saint-Barthélemy, on ne trouve pas facilement de « ley line » auquel le site pourrait s’incorporer.  Il n’est pas sur l’axe Saint-Rieul (alignement de mégalithes, croix, églises dont la cathédrale de Senlis et Sainte-Geneviève/Panthéon de Paris, routes et chemins. Borest (borée, observation fait par Danielle) n’est pas non plus tout à fait au nord. Recherche à poursuivre…

Parcourons à pied le site. Le parcours avec la petite caméra mobile est restitué sur Youtube (https://youtu.be/kS29oKtxPs8):

  • Il commence par l’entrée ouest, dans la gorge étroite en montée.
  • A 1:35. On pique à gauche par le « Menhir allongé ». Les identifiants son mis entre guillemets car ce ne sont que des termes descriptifs, pour retrouver facilement les pierres. Ce ne sont ni leur vrais noms (elles n’en ont probablement pas ou ils ne sont pas connus) ni réellement des menhirs, allées couvertes, etc. On monte jusqu’en haut du site Nord (N). Puis on atteint à 3:14 « l’Allée couverte » ou carrière ou muraillette de fortification.
  • A 3:51. On se rend au site Est (E): « Pierre à cupules » (4:41), puis « Pierre Glissoire » (5:10) et « Sillon au trésor » (5:22). Puis on pousse jusqu’à la « Pierre chaudron » (5:45) , lieu où les fées (ou les carriers plus prosaïquement) se faisaient la cuisine et entreposaient leurs pierres.
  • A 6:03. Puis c’est le site Sud (S), le plus élevé et peut-être le plus intéressant car il semble avoir des pierres d’entrée et, à son sommet, une grand pierre plate vibratoire (non filmée) que nous avons pu qualifier en radiésthésie comme bonne pour le cœur (pour les cardiaques). Dans les temps anciens, les paysans venaient aux pierres à vertus et grattaient un peu de poudre pour la porter aux malades (humains ou animaux) et leur faire boire en la mélangeant à de l’eau. Le Rocher de Saint-Vulgis à Troësnes (02) était réputé pour préserver la santé des animaux, comme la Sainte-Table devant le cimetière d’Arcy-Sainte-Restitue. Les fontaines étaient, et sont toujours, connues pour certaines vertus: fontaine Sainte-Clotilde à Vivières (02) pour le cœur et la vue, fontaine Saint-Ouen à Sancy-les-Cheminots (02) pour l’ouïe.

Post-scriptum et dédicace: ce 17 juillet est la fête des saintes Carmélites de Compiègne, conservée sous le nom de sainte Charlotte (kar- la pierre). Expulsées de leur couvent en 1792, elles poursuivent leur comportement religieux. La Terreur n’aime pas… elles sont guillotinées le soir du 17 juillet 1794 place de la Nation à Paris.

À propos de Jean-Marc Bélot

Eclairer le présent, montrer que le meilleur est possible: devenirs des sociétés humaines, lieux merveilleux qui nous entourent.

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Cette entrée a été publiée le 17 juillet 2018 par dans @ Fées créatures merveilleuses, Hauts de France, Normandie.

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