"J'en ai vu passer des humains et des civilisations et je suis toujours là". Regarder le monde à l'ombre d'un mégalithe, ça change toute la vision.
9.4.2021 Le cerveau humain moderne est apparu il y moins longtemps que prévu. Les chercheurs ont voulu répondre à une question jusqu’ici restée mystérieuse: « Quand les structures du cerveau qui font de nous des hommes ont-elles évolué? », résume Christoph Zollikofer, paléoanthropologue à l’université de Zurich en Suisse, et l’un des co-auteurs de l’étude, publiée jeudi dans la prestigieuse revue Science. Entre il y a 1,7 et 1,5 million d’années. Lui et sa collègue Marcia Ponce de Leon, auteure principale de l’étude, ont étudié de nombreux fossiles de crânes, provenant d’Afrique, de Géorgie, et de Java, en Indonésie. Puisque les cerveaux eux-mêmes ne fossilisent pas, la seule manière d’observer leur évolution est d’étudier les marques qu’ils ont laissé à l’intérieur de la boîte crânienne. Les scientifiques ont ainsi « scanné » les fossiles, et créé une image virtuelle de ce qui les remplissait il y a bien longtemps, comme un moulage — ce qu’on appelle un endocaste. Si le genre Homo « a commencé avec la bipédie, l’évolution du cerveau « n’a rien à voir avec le fait d’être bipède ». Les premiers bipèdes terrestres avaient un cerveau proche des grands singes ». Les caractéristiques de cerveaux humains modernes apparaissent avec des outils plus complexes. Les aires du cerveau qui se développent à cette période sont celles utilisées pour des manipulations complexes, comme la fabrication d’outils. Deuxième résultat, cinq fossiles de crânes retrouvés sur le site de Dmanissi, en actuelle Géorgie, et datant d’il y a entre 1,8 et 1,7 million d’années présentent des cerveaux primitifs. Enfin, les fossiles provenant de Java, plus récents, présentaient eux les caractéristiques modernes. Les chercheurs pensent donc qu’il s’est produit une seconde dispersion hors d’Afrique. En résumé, « vous avez une première dispersion de populations avec des cerveaux primitifs, puis le cerveau moderne évolue en Afrique, et ces personnes se dispersent à nouveau », jusqu’à arriver en Indonésie.
23.11.2015 L’histoire humaine n’est faite que de migrations au départ de l’Afrique. ll y a 30 millions d’années, les singes hominoïdes comptaient une centaine d’espèces (moins d’une dizaine aujourd’hui). Il y a 19 millions d’années, l’expansion des forêts entre l’Atlantique et la Chine permet aux grands singes de se développer. Vers 6 millions d’années, la surface forestière diminue et les primates ne résistent qu’en Afrique. Le premier Homo erectus apparaît il y a 2-3 millions d’années. C’est le premier grand singe à se débarrasser du monde des arbres. On le retrouve jusqu’à Florès. C’est «Out of Africa 1», la première sortie d’Afrique. La seconde a lieu vers 100000. C’est celle de l’homme moderne et le début d’une expansion fulgurante. Profitant de la dernière glaciation, il a commencé à peupler l’Eurasie en passant par le Proche-Orient. En chemin, il s’est mélangé avec l’homme de Néanderthal qui, avant lui, avait peuplé l’Europe jusqu’à la Sibérie et avait évolué différemment. «Il y a eu un métissage que l’on constate dans les génomes. Ce qui permet de dire que nous sommes tous des Africains et des métis», a rapporté Eva-Maria Geigl, généticienne au CNRS. La rencontre a apparemment eu lieu vers 50.000. «Néanderthal avait une entité biologique différente», a observé Jean-Jacques Hublin, directeur du département Evolution humaine de l’institut allemand Max Planck. On trouve environ, 2% de traces de Néanderthal chez son successeur. Néanderthal a fini par disparaître progressivement, sans qu’on sache pourquoi: problème climatique, éruption volcanique, compétition entre les deux espèces, conjonction de ces différents facteurs.
3.12.2015 How the introduction of farming changed the human genome. L’introduction de l’agriculture en Europe il y a 8500 ans a changé jusqu’à l’ADN. La Harvard Medical School a identifié des gènes qui ont changé pendant et après la transition entre la chasse et la cueillette et l’agriculture. Bon nombre des variantes sont associées à la taille, à la capacité de digérer le lactose à l’âge adulte, au métabolisme des acides gras, aux taux de vitamine D, à la pigmentation claire de la peau et à la couleur bleue des yeux. Deux variantes apparaissent sur des gènes qui ont été associés à un risque plus élevé de maladie coeliaque. D’autres variantes ont été localisées sur des gènes immuno-associés, car le Néolithique a impliqué des personnes vivant à proximité les unes des autres et des animaux domestiques. Egalement, les premiers agriculteurs venant d’Anatolie se sont mélangés et ont migré. A la fois la migration/le mélange et la sélection génétique face aux changements dans le mode de vie et la démographie ont joué, et que la sélection a continué après la transition.
28.12.2015 Une 4e « tribu » ancestrale aux origines des Européens modernes. L’ADN d’hommes fossiles révèle qu’un groupe de chasseurs cueilleurs du Caucase a également contribué au patrimoine génétique des Européens modernes. Un groupe des chasseurs cueilleurs de l’est a divergé il y a 45000 ans d’avec un groupe de chasseurs cueilleurs partis vers l’ouest (de l’Espagne à la Hongrie). Il y a 25000 ans, la branche des chasseurs-cueilleurs de l’est a encore divergé, donnant peu à peu naissance à un groupe de premiers agriculteurs ainsi qu’à ce groupe de chasseurs-cueilleurs du Caucase dont nous venons d’identifier la signature génétique très homogène. Ces hommes sont restés isolés alors que l’âge glaciaire atteignait son pic entre -25000 et -23000 ans. Les premiers agriculteurs du néolithique colonisent l’est, la méditerranée avec succès. Vers -7500 ans, ils se déploient largement, remplaçant même les populations de chasseurs cueilleurs rencontrées au sud. En revanche, au nord, vers – 4000 ans, ils mêlent leurs gènes avec ceux des derniers chasseurs cueilleurs de l’ouest. Entre temps, vers – 5000 ans, une troisième tribu déferle, les Yamna, des cavaliers nomades des steppes, issus d’une lignée ancienne de chasseurs-cueilleurs partie vers l’est. Ils ont probablement diffusé les langues indo-européennes, se mêlant à toutes les cultures de fermiers comme montre une étude de l’université de Göteborg. Le groupe de chasseurs-cueilleurs du Caucase s’est déployé dès que les chapes de glace ont disparu et ont largement contribué à fonder la tribu cavalière des Yamna. Plus fort encore, le petit groupe du Caucase a exporté ses gènes plus à l’est encore, jusqu’en Inde où il pourrait encore avoir de lointains descendants.