"J'en ai vu passer des humains et des civilisations et je suis toujours là". Regarder le monde à l'ombre d'un mégalithe, ça change toute la vision.
Contes et légendes de Normandie (une cinquantaine): http://www.normandie-heritage.com/spip.php?rubrique155
Calvados (14):
Eure (27):
Manche (50):
Entrefilet dans la revue Mythologie Française 139, 1985, p.44 : Mademoiselle Maryvonne Abraham, de Brest, était présente à Creully (14) où elle a présenté une communication remarquable portant sur « l’étude d’un calendrier de varouage à partir de la Troménie de St Ronan en Bretagne ».
Bête de Caen et autres monstres dévorants. On l’appelle la bête de Caen, mais aussi la bête du Cinglais ou encore la bête d’Évreux. Sous le règne du roi Louis XIII, au temps où ferraillent d’Artagnan et ses mousquetaires, cet insaisissable prédateur attaque et dévore plusieurs dizaines de personnes. C’est du moins ce que rapportent un certain nombre de documents contemporains. Cent trente ans avant le Gévaudan, la Normandie vit dans la terreur d’une « beste furieuse ». Le bon peuple murmure qu’un loup-garou rôde… Patrimoine Normand N°84
Montilly et Saint-Pierre-d’Entremont (Orne) connaissent une sorte de varou nommé Berline ou Berlinge. On dit que c’est le fantôme d’un avare qui paie ses dettes. Il peut se montrer sous forme humaine ou animale, en particulier de tourterelle. Les îles anglo-normandes connaissent aussi un Bélengier ou Boulangi, qui égare les gens vers les mares et les falaises, sous la forme d’une petite lumière qui, son forfait accompli, peut se transformer en sarcelle. On y échappe en plantant un couteau lame en l’air, sur lequel l’être se blesse ou en traçant au couteau une croix sur le sol. Ce pourrait être rapproché d’un souvenir similaire du culte celtique de Belenos. A La Bellière (Orne), se trouve le Trou du Serpent, hanté par des dames blanches. Une ancienne caverne de Flamanville (Manche), nommée Trou Baligan, fut le repaire d’un dragon qui réclamait son lot de victimes. Saint Germain le Scot débarrassa la région de ce monstre. Depuis, des lutins ont pris la place (Trois gorges et un oiseau: Dana et le dieu au nom en Gar, Patrice Lajoye. Mythologie française n°195, 1999, p. 15).
Analyse : Les varous n’ont pas, comme on le lit fréquemment, à voir avec la mythologie scandinave ni avec les hommes se transformant en loups. Ils se présentent sous des aspects bien différents dans les deux premiers témoignages, qui sont plus authentiques. Les autres, justement, sont influencés par les légendes de bêtes du type bête du Gévaudan. La dénomination de varou n’est pas très fréquente en dehors de la Normandie. Mais on retrouve des êtres similaires dans la région contigüe, les Hauts de France. Un serpent ou un dragon est transpercé par un chevalier (Chevalier aux Armes vermeilles en forêt de Compiègne, saint Gilles à Beauvais, rituel encore vivant lors des carnavals des villes du Nord et de Belgique). Ce varou, varan, ver, serpent, dragon est un résidu, dans l’imaginaire humain, de l’époque macro-balte (ancêtres des baltes et des slaves). Ce sont les premiers indo-européens à être venus coloniser l’Europe de l’ouest mettant fin à l’époque mégalithique, vers -1600. La divinité Varouna (Inde)/Ouranos (Grèce) /Velinas (Lithuanie) / Veles (pays slaves) chez les Indo-européens orientaux, dont font partie les macro-baltes, représente la souveraineté liée à l’eau qui entoure le monde et qui maintient l’ordre de l’univers, ordonne le cycle du temps. Elle urine, verse la pluie pour féconder la terre, fait circuler le fluide vital. Tout comme on conserve précieusement aujourd’hui nos vers de terre, on conservait précieusement ce mythe à l’époque, le faisant vivre par un rituel costumé où des hommes animaient un mannequin en forme de varou. Puis, au fil des siècles, le sens s’est perdu. La christianisation a achevé la plupart des rituels, sauf dans les carnavals du nord et de l’est de la France et du centre de l’Europe. Il en reste une exclamation slave : « quel diable ou quel veles l’excite contre moi ? ».
Lajoye : Perun, dieu slave de l’orage: Archéologie, histoire, folklore. Ouranos grec. Veles/Volos (slave) et Varuna agissent comme gardiens du droit et des traités. La connection de Varuna avec l’eau peut être associée à Velinas (lithuanien) (Veles tchèque et macédonien, Vellaunus gaulois doublon d’Esus) (Selected writings VII, de Roman Jakobsson, p.41-43. Editons Mouton)
Le guide de la France mythologique p.69 (loup-garou scandinave de la forêt de Roumare)
BSMF 195 : Patrice Lajoye –(Trois gorges et un oiseau: Dana et le dieu au nom en Gar, BSMF n°195, 1999, p. 15. Dans l’Orne, sur les communes de Montilly et de Saint-Pierre-d’Entremont, le folklore connaît un être, sorte de revenant ou de varou (loup-garou) nommé Berline, Breline ou Berlinge, selon les versions. On dit que c’est le fantôme d’un homme avare qui finit de payer ses dettes. Toujours est-il que cet être nocturne est polymorphe; il peut se montrer sous forme humaine, mais, à Saint-Pierre-d’Entremont, il affectionne particulièrement la forme d’une tourterelle. Les îles anglo-normandes. Jersey, Guernesey et Alderney connaissent un être redoutable nommé le Bélengi (Jersey), Bëlengier (Guernesey) et feu Bélengier ou Boulangi (Alderney). Cet être, assimilé à un feu follet, prend un malin plaisir à égarer les gens, de façon à les pousser dans les mares ou même du haut des falaises. Il est donc particulièrement dangereux de le croiser quand il apparaît, la nuit, sous la forme d’une petite lumière qui semble vouloir guider les pas des attardés. Il existe malgré tout différents moyens d’échapper à cela: planter un couteau la lame en l’air (Guernesey), et dans ce cas on retrouvera celui-ci le lendemain couvert de sang, témoin de la hargne de l’esprit; ou bien retourner sa veste. vider ses poches et n’y laisser qu’un couteau, tracer avec ce même couteau une croix sur le sol (Alderney). A Guernesey, après ses méfaits, sefaeu Bélengier peut se transformer en sarcelle et s’envoler. Le Bélengi pourrait dériver de Belen = Belin. Quand on constate les caractères communs existant entre celui-ci et la Berlinge ou Berline de l’Orne – être nocturne, capable de se transformer en oiseau, ce qui est rare dans le folklore normand -, nous ne pouvons que les assimiler l’un à l’autre. L’existence d’un culte de Belenos quelque part dans les îles anglo-normandes peut être attestée par un fait particulier. A Guernesey se trouve un lieu nommé La Roque Balan (ou Ballan), près de Saint-Michel-du- Valle, auprès duquel a été chantée une petite comptine: J’irons tous à la Saint Jean, Dansaïr à la Roque Ba/ail. Cette comptine pourrait être J’ultime trace d’un cérémonial dédié à Belenos, sachant que la Saint-Jean fut à l’origine une fête solaire, celle du solstice d’été. Il y a aussi dans l’Orne un village nommé la Bellière, près duquel, au lieu-dit Logis de la Roche, se trouve le Trou du Serpent. endroit hanté par des dames blanches. Comparons avec une caverne du littoral, aujourd’hui détruite, de la commune de Flamenville (Manche), nommée Trou Baligan. Celle-ci fut paraît-il le repaire d’un terrifiant dragon qui réclamait régulièrement son lot de victimes humaines. Un jour, saint Germain. debout sur sa rouelle .n, débarqua d’Angleterre et débarrassa la région de ce monstre (soit en le changeant en pierre, soit en le noyant), avant de s’en aller évangéliser la Bretagne. Depuis, le Trou Baligan a été hanté par des lutins. On le voit, la situation est fort semblable. Or Balin est une autre forme de Belin ; Balin peut devenir « Balingue (tout comme berline a donné berlingue au XVlIe siècle) puis par métathèse Baligan.
BSMF 207 : Ceci rappelle singulièrement le revenant ou « varou» appelé Berline, Breline ou Brelinge, signalé dans l’Orne par Patrice Lajoye –(Trois gorges et un oiseau: Dana et le dieu au nom en Gar, BSMF n°195, 1999, p. 15) et le dangereux feu Bélengier de Guernesey
BSMF 248 : origine viking. Le loup vert est tout simplement un loup-garou, ou homme-loup : werwolf en allemand (wër « homme » et wolf « loup », varulvstro en Scandinave qui est devenu garwalf en normand. Là où le français a retenu le garou du normand, d’autres provinces ont pris un varou ou Loup Brou, comme en Bourgogne : le Loup Vert vient du wër ou var (comme dans varou) et dans les deux cas désigne l’homme, éventuellement de mauvaise réputation (« hors-la-loi » ou déjà « loup »). Le loup vert est donc une forme régionale du loup garou, ou « homme-loup ».
Orne (61):
Seine-Maritime (76):
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